Les oignons rosé de Roscoff
L'oignon rosé de Roscoff est un des fleurons de la Bretagne agricole .
Importé du Portugal au XVIIème siècle, sa culture remplaça celle, déclinante, du lin et il accompagna d'autres denrées à bord des navires marchands et bateaux de pêche en raison de ses vertus protectrices contre le scorbut (l'oignon est en effet riche en vitamine C et autres éléments antioxydants).
L’histoire des marchands d’oignons de Roscoff, appelés les « Johnnies » (petit Jean) commence en 1828 avec Henri Olivier, cultivateur de Roscoff, qui décide de charger une gabare d’oignons et de traverser la Manche pour les vendre. L’initiative de ce cultivateur va se couronner de succès et c’est le début d’une formidable épopée qui mènera plusieurs centaines de Léonards sur les routes britanniques. L’oignon rosé de Roscoff, léger et parfumé est très apprécié des mineurs du pays de Galles, des paysans d’Écosse et des dockers de Londres
La Grande-Bretagne est grosse consommatrice d’oignons mais en produit peu.
Le Léon en revanche, grâce à son micro-climat et à la richesse de son sol, produit un oignon de qualité et en quantité.
D’abord à pied puis en vélo, les Roscovites, mais aussi les Santecois, les Cléderois, etc. sillonnent les rues anglaises, galloises, écossaises, chargés de chapelets d’oignons. En 1929, ils seront plus de 1500 à faire du "porte à porte", bredouillant quelques mots d’anglais, usant de mille astuces pour vendre leurs oignons. « Onions, do you want onions ? », ce sont les premiers mots d’anglais qu’ils apprennent. Cette immigration saisonnière a joué un rôle dans l’évolution de la culture et de l’économie locale. Tous les ouvriers agricoles qui travaillent en été dans les fermes du Léon trouvent ainsi une activité complémentaire en hiver.
Les Johnnies quittent Roscoff fin juillet, début août, dès que les oignons sont mûrs. Ils restent parfois jusqu’à 6 mois en Grande-Bretagne, vivant souvent dans des conditions misérables. Ils aménagent sommairement les hangars dans lesquels sont stockés les oignons et improvisent cuisine et chambrées.
L’histoire des Johnnies et de l’oignon de Roscoff aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur une poignée d’agriculteurs qui au début des années 90 se passionnent pour l’oignon rosé et tentent de concurrencer les productions intensives de l’oignon jaune en cultivant l’oignon de façon traditionnelle.
Observant cahier des charges très stricte, ils proposent sur le marché un oignon haut de gamme, « l’oignon rosé de Roscoff ». Regroupés en syndicat de défense, les producteurs se mobilisent pour obtenir l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC).
L’activité des Johnnies ne s’est pas éteinte car, on compte encore aujourd’hui une vingtaine de Johnnies qui vendent leurs oignons de l’autre côté de la Manche. Les jeunes ont pris le relais, ils ne pratiquent plus le porte à porte mais utilisent Internet.